« True Grit » : le western à la sauce des frères Coen

On n’attendait pas forcément les frères Coen dans le genre western. Mais voila, avec « True Grit » ils décident de s’y attaquer frontalement. Le résultat, un film passionnant dont certains disent même qu’il ressuscite ce genre classique américain.

Notons d’ailleurs qu’il s’agit d’une nouvelle adaptation du livre « True Grit » de Charles Portis, déja porté à l’écran en 1969 avec « Cent dollars pour un shérif », de Henry Hathaway et avec John Wayne qui remporta pour sa prestation le premier et seul Oscar de sa longue carrière.

Dans la version signée Joel & Ethan Coen, on retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès des précédents opus des réalisateurs : une technique parfaite, un langage fleuri, une ironie mordante et des acteurs formidables. Tout y est pour notre plus grand plaisir.

Mention spéciale pour le trio d’acteur : Jeff Bridges est magistral ; Matt Damon, méconnaissable, son jeu, tout en subtilité, complète à merveille la prestation de ces deux petits camarades ; et enfin, Hailee Steinfeld, la révélation du film.

A voir absolument en VO pour la qualité des dialogues et des voix originales qui font toute la différence.

Photos de « True Grite »

Synopsis de « True Grit »
1870, juste après la guerre de Sécession, sur l’ultime frontière de l’Ouest américain. Mattie Ross, jeune fille de 14 ans, réclame justice pour la mort de son père, abattu de sang-froid pour deux pièces d’or par le lâche Tom Chaney. L’assassin s’est réfugié en territoire indien. Pour le retrouver et le faire pendre, Mattie engage Rooster Cogburn, un U.S. Marshal alcoolique. Mais Chaney est déjà recherché par LaBoeuf, un Texas Ranger qui veut le capturer contre une belle récompense. Ayant la même cible, les voilà rivaux dans la traque. Tenace et obstiné, chacun des trois protagonistes possède sa propre motivation et n’obéit qu’à son code d’honneur. Ce trio improbable chevauche désormais vers ce qui fait l’étoffe des légendes : la brutalité et la ruse, le courage et les désillusions, la persévérance et l’amour…

Fiche technique de « True Grit »
Date de sortie cinéma : 23 février 2011
Réalisé par Ethan Coen, Joel Coen
Avec Jeff Bridges, Matt Damon, Josh Brolin, Hailee Steinfeld
Long-métrage américain
Genre : Western
Durée : 02h05min
Année de production : 2010
Distributeur : Paramount Pictures France

Bande-annonce de « True Grit »

« A Serious Man » – le nouveau Frères Coen

Les Frères Coen continuent en très grande forme et le prouvent encore une fois avec un film qui transpire l’intelligence, le bon goût et la drôlerie. Ils nous livrent, comme à leur habitude, une comédie dramatique bourrée de scènes toutes aussi géniales qu’hilarantes.

Synopsis de « A Serious Man »
On suit les tribulations de Larry Gopnik, prof de physique étriqué, sur qui le sort s’acharne de manière sadique. Le film fait s’enchaîner de mini catastrophes qui vont peu à peu, mises bout à bout, bouleverser le quotidien routinier du personnage : sa femme veut le quitter, sa fille n’arrête pas de se plaindre, son fils ne pense qu’à fumer des joints, son frère chômeur attire l’attention de la police, un étudiant coréen machiavélique, un voisin 100% américain et une voisine langoureuse pré-hippie… Larry décide de tout appréhender de la façon la plus sage possible sans oublier de toujours faire appel aux bons conseils des rabbins…

Admirablement bien construit, soucieux du moindre détail, laissant la part belle au talent des comédiens (quasi inconnus dans sa grande partie), « A Serious Man » est un film beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Il pose la question de la destiné, de la volonté de Dieu, de la culpabilité des hommes, le tout avec une ironie mordante, se permettant même de placer la religion juive et ses dogmes en position délicate. Les rabbins n’ont réponse à rien même s’ils réfléchissent beaucoup. Les rites religieux ne sont que des repères sans grande spiritualité.

Ajoutez une mise en scène, comme toujours, parfaite chez les frères Coen et une bande son efficace et vous obtenez un film drôle, touchant et intelligent. Certes, une comédie étrange et surprenante, pas forcément très accessible pour tout le monde, mais qui vaut décidément le détour.

Photos de « A Serious Man »

Fiche technique de « A Serious Man »
Date de sortie cinéma : 20 janvier 2010
Réalisé par Joel Coen, Ethan Coen
Avec Michael Stuhlbarg, Sari Lennick, Richard Kind, Fred Melamed, Adam Arkin
Titre original : A Serious Man
Long-métrage américain
Genre : Comédie
Durée : 1h45 min
Année de production : 2008
Distributeur : StudioCanal

Bande-annonce de « A Serious Man »

Burn After Reading

Un an après « No Country for Old Men« , les frères Cohen sont déjà de retour avec leur nouveau film, Burn After Reading. La qualité suit-elle la quantité ?

Dans Burn After Reading, on retrouve Osborne Cox (John Malkovich) un agent de la CIA qui se fait virer. Il préfère cacher ce désavoeu à sa femme et fait croire qu’il a démissionné pour commencer une nouvelle vie, en écrivant ses mémoires. Sa femme ne l’entend pas de cette oreille et décide de divorcer. En récupérant des données sur sa situation financière, elle fait une copie de son manuscrit, qui se retrouve oublié dans un casier d’une salle de sport quelconque de Washington. Sauf que deux de ses employés, Linda Litzke (Frances McDormand) et Chad Feldheimer (Brad Pitt) croient être tombés sur des documents ultra secret et décide de faire chanter Osbourne Cox pour lui soutirer de l’argent.

Bande annonce : Burn After Reading[fr]

[flv:2008-12/burn.flv 2008-12/burn.jpg 550 416]Les frères Cohen voulaient faire un film d’espionnage dans un monde profondément crétin. Le contrat est amplement rempli avec sa brochette d’acteur extrêmement talentueux tous plus stupides les uns que les autres avec une mention spéciale pour l’incroyable prestation de Brad Pitt, qui justifie à lui seul d’aller voir le film, voire… qui constitue au final le seul intérêt d’aller voir Burn After Reading. Car le film manque cruellement de fond. L’histoire globale se vautre dans une succession de chassé croisé amoureux aussi classique qu’inintéressant. La misère sexuelle étant le sujet le plus rabâché au cinéma et à la TV ces dernières années, le film des Cohen se démarque péniblement du lot avec son ambiance espionnage et ses personnages. Sauf que suivre les histoires de parfaits crétins devient rapidement lassant et il faut attendre la courte apparition de Brad Pitt pour vraiment accrocher au film.

Burn After Reading
Burn After Reading

Au final, on retient quelques scènes hilarantes (la crise de paranoïa de Clooney, les apparitions de Brad Pitt) diluées dans des longueurs comblées uniquement par les dialogues parfaitement stupides de personnages non moins aussi crétins. Si ça vous fait éclater de rire, vous adorerez, sinon, passez votre chemin, car le film n’a pas d’autre prétention que de prendre à contrepied les images policés de ses acteurs. Un peu léger pour le label « Cohen »

Et j’en profite pour donner un carton rouge au doublage français du personnage de Malkovich et des agents de la CIA, la scène d’introduction du film est une catastrophe, le lipsync est dans les choux, le ton et l’expression sont complètement à coté, un ratage flagrant et heureusement rare mais qui n’aide pas à apprécier le film, déjà bien léger…

Burn After Reading
Burn After Reading

Fiche Technique

Titre français : Burn After Reading
Date de sortie France : 10/12/2008

Réalisateurs : Joel Coen & Ethan Coen

Scénaristes : Joel Coen & Ethan Coen

Casting
George Clooney : Harry Pfarrer
Brad Pitt : Chad Feldheimer
Frances McDormand : Linda Litzske
John Malkovich : Osbourne Cox
Tilda Swinton : Katie Cox
Richard Jenkins : Ted Treffon
Elizabeth Marvel : Sandy Pfarrer
David Rasche : l’officier de la CIA
J.K. Simmons : le supérieur de la CIA

No Country for Old Men, le nouveau film des frères Coen

No Country for Old Men

C’est avec un petit mois de retard avec la France que le dernier film des frères Coen a débarqué en Belgique. Après un Lady Killers un peu léger, j’avais fait l’impasse sur leur comédie « Intolérable Cruauté ». C’est donc avec une grande curiosité que j’ai pu voir No Country for Old Men, adaptation du livre éponyme de Cormac McCarthy.

En plein désert texan, Llewelyn Moss découvre par hasard des cadavres. Une transaction qui a mal tourné entre trafiquant de drogue mexicain et voilà notre héros qui ramène chez lui un petit pactole de 2 millions de dollars. Mais cette somme attise les convoitises. La mafia lui jette aux trousses un tueur psychopathe, Anton Chigurh alors que les mexicains sont bien décidés aussi à récupérer l’argent.

No Country for Old Men, le nouveau film des frères Coen
Llewelyn Moss en mauvaise posture

No Country for Old MenDès les premiers plans, on s’en prend plein les yeux. Le duo Coen maitrise à la perfection la réalisation, magnifié par le boulot de Roger Deakins, leur directeur de la photographie attitré. L’ouest américain, mille fois filmé, est d’une beauté à couper le souffle, mélange de solitude, de sauvagerie et de liberté. Puis survient le premier meurtre, une scène de strangulation particulièrement dure, plan séquence sur le corps qui se débat et le regard fou du meurtrier. Les thèmes du film sont donnés : la violence du monde et sa bestialité primaire.

L’acteur espagnol Javier Bardem (Jambon Jambon, Collateral…) campe un tueur implacable, machine à tuer quasi incontrôlable à l’efficacité redoutable. Sa manière de tuer, avec un appareil pour abattre le bétail, pourrait conférer au grotesque voire au rire, heureusement, le film ne cherche pas à titiller cette fibre à outrance, et quand il le fait, c’est dans la pure tradition de l’humour à froid du film noir. Le premier rôle est tenu par Josh Brolin (le veilleur de nuit, Grindhouse…) qui y joue le rôle d’un ouvrier qui tombe un valise plein de fric. A l’instar du personnage de Anton Chigurh, on le sens assez lointain du spectateur, plus occupé à survivre qu’à éprouver un quelconque sentiment humain. Tommy Lee Jones émerge peu à peu du film, vieux shérif blasé qui préfère rester loin des problèmes qui le dépassent. Car finalement, au delà du jeu du chat et de la souris mortel, le film veut traiter avant tout de la violence inhérente à l’humanité. Le film offre une vision primitive et profondément machiste du monde (les hommes s’entretuent, les vieux et les femmes comptent les morts) mais évite l’écueil de la morale lourde. Dès que Tommy Lee Jones commence à se lamenter sur « le monde est fou, c’était mieux avant », on le stoppe tout de suite en lui expliquant que la vie a toujours été violente.

tommy lee jones dans no country for old men
Tommy Lee Jones, vieux policier perdu

La beauté de l’image et la réalisation parfaite nous livrent un chassé croisé haletant, plein d’ingéniosité, de violences et de suspense. Pour autant, No Country for Old Men n’est pas exempt de défaut. Une fois la chasse à l’homme mis de coté, le film se perd dans les réflexions du vieil homme Tommy Lee Jones. C’est un peu comme si, arrivé à la fin de la narration, on se rappelait que le film devait parler des vieux largués dans un monde qui évolue malgré eux. S’ensuit près de 20 minutes de film brouillon et un finish complètement hors sujet. Du coup, une fois la lumière revenue dans la salle de cinéma, on se retrouve avec la frustration du travail inachevé. Dommage, le sans faute n’était pourtant pas loin…

Des visuels :

No Country for Old Men, le nouveau film des frères Coen

No Country for Old Men

No Country for Old Men

Fiche Technique

Titre original : No Country for Old Men
Titre français : Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme
Date de sortie en France : 23 janvier 2008

Réalisateur : Joel Coen & Ethan Coen

Casting

Sheriff Bell : Tommy Lee Jones
Anton Chigurh : Javier Bardem
Llewelyn Moss : Josh Brolin
Carson Wells : Woody Harrelson
Carla Jean : Kelly MacDonald
Wendell : Garret Dillahunt