« Rien à déclarer » : le nouveau Dany Boon

Après « La Maison du bonheur » (2006) et le succès phénoménal de « Bienvenue chez les Ch’tis » (2008), Dany Boon revient sur nos écrans avec son troisième long-métrage en tant que réalisateur, « Rien à déclarer ».

Cette fois, on monte un peu plus au nord, direction la Belgique, le pays-roi des brasseries et des bouffeurs de frites ! C’est sur ce cliché que le ton est donné. Nous sommes en 1993, à la frontière franco-belge et suivons deux douaniers, l’un nationaliste belge qui ne supporte pas de voir un camembert sur son sol, l’autre un Français, tout doux, amoureux en secret de la sœur de son collègue belge. Avec l’ouverture des frontières en Europe, les postes douaniers disparaissent, et nos deux héros vont alors devoir travailler ensemble pour constituer une brigade volante et traquer les trafiquants de drogue.

« Rien à déclarer » produit l’effet inverse de « Bienvenue chez les Ch’tis ». Si le film précédent de Dany Boon démarrait mollement, cherchait ses marques, et ensuite développait une mécanique comique à la fois tendre et efficace, le nouveau film de l’acteur-réalisateur démarre en fanfare, mais s’essouffle hélas très vite. L’idée initiale de Dany Boon est pourtant excellente (les effets de l’Europe sans frontières sur les petit villages frontaliers, dont certains ressemblèrent vite à des villages-fantômes), mais une fois que le cinéaste a placé ses différents protagonistes, il peine à surprendre : la plupart des situations de ce « Roméo et Juliette » franco-belge sont trop prévisibles.

Mais le gros point faible du film, c’est son absence de rythme : il étire ses péripéties pendant près d’une heure cinquante minutes, accumule des séquences ni très drôles ni très utiles à l’intrigue. Bref, « Rien à déclarer » n’est ni le chef-d’œuvre annoncé par certains, ni le pitoyable navet clamé par les mauvaises langues : c’est juste une petite comédie anodine, avec quelques bons gags et beaucoup de longueurs.

Photos de « Rien à déclarer »

Synopsis de « Rien à déclarer »
1er janvier 1993 : passage à l’Europe. Deux douaniers, l’un belge, l’autre français, apprennent la disparition prochaine de leur poste frontière situé dans la commune de Courquain France et Koorkin Belgique.
Francophobe de père en fils et douanier belge trop zélé, Ruben Vandevoorde (Benoît Poelvoorde) se voit contraint et forcé d’inaugurer la première brigade volante mixte franco-belge.
Son collègue français, Mathias Ducatel (Dany Boon), considéré par Ruben comme son ennemi de toujours, est secrètement amoureux de sa soeur. Il surprend tout le monde en acceptant de devenir le co-équipier de Vandevoorde et sillonner avec lui les routes de campagnes frontalières à bord d’une 4L d’interception des douanes internationales.

Fiche technique de « Rien à déclarer »
Date de sortie cinéma : 2 février 2011
Réalisé par Dany Boon
Avec Benoît Poelvoorde, Dany Boon, Julie Bernard
Genre : Comédie
Durée : 01h48min
Année de production : 2010
Distributeur : Pathé Distribution

Bande-annonce de « Rien à déclarer »

« Potiche » signé François Ozon

Alternants films et genres à un rythme effréné, affamé de cinéma, François Ozon revient avec « Potiche » à la comédie, une adaptation de la pièce de théâtre de Barillet et Gredy.

Le long-métrage nous plonge au cœur d’une famille bourgeoise du Nord en pleine année 1977, située à mi-chemin entre le premier choc pétrolier et l’élection de François Mitterrand. Du coup, nous avons un film de tous les conflits, sociaux, familiaux, idéologiques…

La réussite de « Potiche » est de nous offrir notamment plusieurs niveaux de lecture. Entre la pure comédie à consommer sur place et le portrait d’une société paternaliste devenant libérale, l’œuvre réussit à nous faire oublier le kitch des décors en nous parlant du monde d’aujourd’hui qui a finalement peu changé.

Car à travers son ambiance totalement seventies et ses clichés assumés, le film fait des allusions non cachées à la politique actuelle (allusion hilarante dans les dialogues à… Sarkozy et ses débordements verbaux – d’ailleurs Luchini le représente symboliquement contre une Deneuve faisant forcément penser à Ségolène Royal).

Outre la maîtrise d’Ozon, au scénario et à la réalisation, l’atout principal de « Potiche » réside dans son casting à la fois haut de gamme et génialement parfait. Catherine Deneuve, pourtant à contre emploi dans un registre comique, incarne à merveille cette femme des années 70 ; Gérard Depardieu est tout simplement génial dans son rôle de député communiste. Fabrice Luchini en PDG irascible, Karin Viard en secrétaire très dévouée, Judith Godrèche en peste de droite et Jérémie Renier en homo artiste à peine refoulé complètent cette distribution éclatante. Ozon à réussi son pari.

Photos de « Potiche »

Synopsis de « Potiche »
En 1977, dans une province de la bourgeoisie française, Suzanne Pujol est l’épouse popote et soumise d’un riche industriel Robert Pujol. Il dirige son usine de parapluies d’une main de fer et s’avère aussi désagréable et despote avec ses ouvriers qu’avec ses enfants et sa femme, qu’il prend pour une potiche. À la suite d’une grève et d’une séquestration de son mari, Suzanne se retrouve à la direction de l’usine et se révèle à la surprise générale une femme de tête et d’action. Mais lorsque Robert rentre d’une cure de repos en pleine forme, tout se complique…

Fiche technique de « Potiche »
Date de sortie cinéma : 10 novembre 2010
Réalisé par François Ozon
Avec Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini, Karin Viard, Jérémie Renier
Long-métrage français
Genre : Comédie
Durée : 01h43min
Année de production : 2009
Distributeur : Mars Distribution

Bande-annonce de « Potiche »